COMBLOUX
Le patrimoine rural
Au début du siècle
dernier, Combloux était, principalement, peuplé de paysans qui choisissaient
des terrains plats et fertiles pour leurs cultures. Les maisons étaient
construites à l’aide des matériaux locaux trouvés sur place : pierre et
bois.
Les arbres étaient
abattus et équarris en fonction des lunaisons pour assurer une meilleure
qualité et une résistance accrue aux parasites.
Sous un même toit,
vivaient les enfants, les parents, les grands-parents. Tous travaillaient pour
l’exploitation. En début d’hiver, on préparait et partageait le « caïon » (cochon), on cuisait
le pain dans le four banal. Les veillées
étaient rythmées par la longue période hivernale où les plus âgées
transmettaient leur savoir aux plus
jeunes.
L’âpreté de la vie, la
rudesse du climat, et la pénibilité du travail
de la terre rendaient les conditions de vie difficiles. Le peuple de
montagne était essentiellement lié à l’agriculture locale axée sur l’élevage.
Mais ces ressources
n’arrivaient pas à faire vivre toute la famille et bien souvent quelques uns se
voyaient contraints de partir pour trouver du travail en tant que colporteurs ou bien en exerçant
des petits métiers. Ils prenaient la route après les travaux d’été et les
regains, en direction de la
France souvent vers Paris mais aussi la Maurienne, la Tarentaise, le Haut
Faucigny et plus loin vers les pays « alémaniques » (Bavière, Saxe...)
pour tenter d’y gagner leur vie.
Ces migrations
saisonnières ont représenté le début de l’éclatement de la famille.
Lors de la période
estivale, les femmes et les enfants inalpaient avec les animaux et grâce au
lait fabriquaient le fromage. Les hommes foinaient en prévision de l’hiver et
montaient le ravitaillement en alpage pour redescendre le fromage fabriqué là-haut.
Dès l’aube, la traite des vaches commençait puis la préparation du fromage et
du beurre, et le soir une autre traite.
Malgré de longues
journées la vie y était paisible jusqu’à la démontagnée d’automne.
Grâce aux alpages et à
la vente des fromages un nouvel apport d'argent venait compléter les maigres
revenus des paysans.
Les gens de la montagne,
malgré leur vie en autarcie, échangeaient
beaucoup entre vallées et montagnes voisines. C’était un peuple débrouillard
qui se tournait facilement vers le commerce pour augmenter ses gains.
Autrefois, la neige
était considérée comme un obstacle car la saison hivernale durait de longs mois
et, lors de la saison estivale, il fallait se dépêcher de remonter la terre
dans le potager, semer, récolter, engranger pour assurer la subsistance des
hommes et des bêtes pendant les longs mois d’hiver en priant ardemment pour que
les saints protègent les récoltes des
intempéries.
Cette neige devint
pourtant un privilège lors de l’essor touristique.
Les « gens du
pays » transformèrent leurs maisons pour les louer aux touristes. De nombreuses maisons furent
vendues en résidence secondaire pour les
touristes. Les acquéreurs aménagèrent des granges. Les villages de montagne
profitèrent du développement touristique qui leur apporta des revenus
complémentaires.
Les « gens du
pays » transformèrent leurs maisons pour les louer aux touristes. De nombreuses maisons furent
vendues en résidence secondaire pour les
touristes. Les acquéreurs aménagèrent des granges. Les villages de montagne
profitèrent du développement touristique qui leur apporta des revenus
complémentaires.
Les paysans saisirent l’opportunité et d’agriculteurs se
transformèrent en "double actifs" moniteurs de ski la journée et
paysan le matin tôt et le soir tard. Ils créèrent des activités liées au
tourisme pour accueillir les « Monchus ».
De nos jours : L’agriculture à Combloux
Sur
les hauteurs de
Combloux, la race de « Thônes et Marthod »
se perpétue. 140 brebis
dont 105 laitières participent à la fabrication de
l’excellente tomme de
brebis. Gérald Maschio décrit son métier
d’éleveur de « Thônes et
Marthod »
avec une réelle passion.
La race « Thônes et Marthod » est une
race de brebis de taille moyenne. Une tête fine, un nez droit bien que très
légèrement busqué et les cornes, développés chez les deux sexes, forment une spirale horizontale large. La robe
est blanche, le museau noir, et les yeux donnent l’impression d’être cerclés de
« lunettes ».
Chez les jeunes brebis
la laine est bouclée. Chez les adultes la toison est assez grossière. C’est une race calme qui sait patienter
pendant les longues stabulations hivernales. Le troupeau s’adapte bien à
l’estive et peut atteindre jusqu’à 2000 mètres d’altitude.
La race est utilisée
pour la production du lait, pour l’agnelage, la production du fromage et de la
viande.
Autrefois, les paysans
possédaient leurs brebis sans vraiment définir de races. Les transhumances
d’estives et l’hivernage ont favorisé l’émergence de deux espèces de brebis pour aboutir au début
des années 1930 à une dénomination « Thônes et Marthod » issu des
noms de deux villages. (Thônes est situé en Haute-Savoie, capitale des Aravis à
mi-distance entre La Clusaz
et Annecy. Marthod est situé Savoie dans le Val d’Arly entre Ugine et
Albertville. La commune de Marthod est surplombée par les massifs du
Beaufortain, des Aravis et des Bauges (Parc Naturel Régional des Bauges).
Afin de pérenniser
une race pure, des éleveurs créeront l’Union
des Eleveurs de la race « Thônes et Marthod ». Créée en 1992,
elle se transformera en Organisme de Sélection en 2008 pour la sauvegarde de la
race « Thônes et Marthod ». Gérald Maschio (éleveur à Combloux) est
président du Conseil d’administration de l’Union des Eleveurs de la race
« Thônes et Marthod ».
Au lycée agricole de la Motte-Servolex
(Savoie), une section forme les futurs éleveurs à l’élevage de cette race. La
race « Thônes et Marthod » est principalement regroupée sur le territoire
de la Savoie et la Haute-Savoie.

Gémoëns
A Gémoëns, l’activité de la
ferme des Paget se poursuit depuis cinq générations. La ferme construite
en 1898 fut reconstruite suite à un incendie. Les quatre frères et un de leur
beau-frère ont fait partie des
des
migrants qui sont allés à Paris chercher du travail à l’hôtel Drouot.
Ayant
amassés un petit pécule grâce à leur travail, ils sont rentrés au pays et ont
construit des hôtels dont l’hôtel « Caprice des Neiges » à
l’époque du tout début du tourisme.
Dans les hameaux de Gémoëns,
la Tour et
l’Epine, des veillées sont organisées comme autrefois.
Aux Intages, des fermes
traditionnelles jalonnent la route.

Au village d’Ormaret
Léon Socquet raconte,
qu’au printemps, après sept mois d’hiver, il faut que la première sortie des
vaches s’effectue d’après le calendrier lunaire.
Si ce n’est pas le bon
jour, les vaches se disputent et ne restent pas tranquilles dans leurs parcs.
Des cloches sont
accrochées au cou des vaches pour qu’en cas d’égarement, l’éleveur les situe
dans l’alpage et les ramène à l’aide des chiens de troupeaux.
Le Gaec
« Les Montagnards »
Fin juillet 2010 en début de soirée, Ferme et
habitation de la Famille Léon et Monique Socquet
ont été ravagées par les flammes, toute
une vie de labeur partie en fumée.
La solidarité des
agriculteurs et des Comblorans a bien fonctionné. Après cette catastrophe, le
Gaec « Les Montagnards » s'est
relevé et la reconstruction de l’exploitation permet de continuer le relais entre
producteurs et consommateurs pour la vente des produits de la ferme.
Au village d’Ormaret,
face à la Chapelle, le bassin en granite a été taillé par les
graniteurs de Combloux.

Au trot, au Feug !
Chez Geneviève et
François Duvillard « Le Cheval de Feug », rassemble chevaux et poneys de races
prestigieuses :
Le shetland, cheval
britannique, petit cheval intelligent et confiant.
Les Franches-Montagnes
(ou Freiberger en dialecte allemand) l’une des dernières races venue de Suisse
du district des Franches-Montagnes est issue d’un croisement entre des juments
robustes et des étalons de diverses races européennes.
Le Comtois, magnifique
cheval, est la race de cheval de trait. Issu de Franche-Comté, Comté de Bourgogne avec une origine
germanique ou bourguignonne, c’est un cheval de traction lourde rustique aidant
pour les travaux des champs mais qui ne pourra rivaliser à l’arrivée du tracteur. Il a été décimé pendant les guerres
napoléoniennes. En 2004 et 2005 c’est la race « Comtoise » qui a
remporté le grand prix de Paris du Cheval de Trait.
Le Fjord, (Fjording ou
Fjordhest) est une race ancienne et pure de
cheval de Norvège, probablement descendante de chevaux asiatiques importé
par les Vikings pendant la guerre. Le Fjord est considéré comme la race la plus
pure au monde d’après François Duvillard, et les variations de couleurs sont au
nombre de cinq.
Louis, exploitant
agricole et père de François Duvillard, lui a transmis sa passion du cheval.
François a créé une EARL le « Cheval du Feug » à l’aide de ses fils et au grand bonheur des
touristes et des chevaux, attelés aux calèches et traîneaux, qui transportent
les vacanciers, le temps d’une balade dans le village suivie de goûters à la
ferme organisés par Geneviève.
Depuis 2013, en
collaboration avec la S.E.M.
une liaison hippomobile balade les skieurs et piétons entre la piste du Mont
d’Arbois et la télécabine du Jaillet à Megève. Ce moyen de transport se place
dans le cadre du respect de l’environnement.
C’est une belle
« reconversion » pour les chevaux
(et mulets : accompagnant les randonneurs en montagne) qui ont rendu bien des services tant
à l'agriculture qu'à l’Armée pendant les guerres où beaucoup sont morts dans
d’atroces souffrances. De tout temps le cheval a participé aux travaux des
champs, au déneigement et au transport des personnes jusqu’au début des années
cinquante. C’est un précieux et fidèle compagnon pour l’homme.
Les écuries des Ducs
A Combloux, Jessica Ducrey partage également sa passion du
cheval au sein d’une structure familiale, sous l’enseigne « les écuries
des Ducs ».
Aux enfants et aux adultes, du débutant au confirmé, Jessica
Ducrey, enseigne plusieurs disciplines équestres, du dressage où l’on apprend à
caracoler à sa monture, en passant par l’apprentissage jusqu’au stage avec
passage d’examens fédéraux où plus bucolique en se promenant ou en randonnant
avec un poney loué. Le ski-joëring y est aussi enseigné. Une pension accueille
les chevaux.

Quelques hameaux de
Combloux abritent d’anciennes fermes rénovées.
Les hameaux de Cuchet et
d’Ormaret ont gardé de nombreuses fermes rénovées et aménagées pour l’accueil
des touristes. Leurs propriétaires ont su garder leur cachet d’antan.
A la
ferme, de savoureux goûters se laissent déguster...
Au « Médon »
chez Honorine, au « Crêt »
chez Odette, au « Feug » chez Evelyne des goûters à la ferme sont
partagés.
En amont du village en passant devant « le coin
Savoyard », le chemin du Baratti amène au village d’Ormaret, où face à la
chapelle la Ferme
« Feige » raconte le métier d’éleveur avec dégustation du bon lait de
vaches.
Au « refuge des
Brons » Albert Chatellard Revenaz, entourés de ses vaches et ses génisses
observe les manifestations de la nature pour « météo France ». Depuis
1982, il a remplacé Marc Socquet qui a effectué les relevés pendant
trente-trois ans. (cf La place du Village).
(Une petite cinquantaine
de postes climatologiques sont installés en Haute-Savoie et permettent grâce à
la minutie et la patience des bénévoles, d’effectuer des relevés fiables.)
La plus ancienne ferme
de Combloux datant de 1832 : « La ferme à Isidore » offre la possibilité
de revivre les veillées d’antan.

La période d’entre deux
guerres (1920 à 1939) a vu s’installer
sur Combloux et Rochebrune à Megève des
élevages de renards argentés. L’élevage des renards (Vulpes, vulpes) a débuté avec des
renards argentés (couleur noire parsemée d’argent) issus de sélection
américaine et arrivés en France à la ferme nommée « Les Renardières
Françaises » (société d’élevage du renard argenté dans les Alpes).
Le renard argenté est à
l’origine un renard roux ayant subi une mutation de couleur naturelle. La
couleur rousse est porteuse de gêne argenté noir qui apparaît dans les
populations sauvages d’Amérique du Nord.
Le renard passait de
l’état sauvage à l’état captif, confiné dans un enclos, privé de ses escapades
nocturnes. Il alimentait une activité lucrative.
L’industrie vivante s’arrêta
après de nombreux incidents. Les renards s’enfuyaient en creusant des terriers
et furent tués par les propriétaires de poulaillers.
En 1942, cent trente
quatre fermes assuraient la nourriture des familles. Actuellement 23
exploitations subsistent sur Combloux (Bovins : vaches laitières,
génisses, ovins, brebis laitières, (Thônes et Marthod), équidés, (Franches-Montagnes, Comtois,
Fjord, Shetland)...
Les agriculteurs
exercent plusieurs activités, tantôt artisans, tantôt moniteurs de ski, ou
employés sur le secteur des remontées mécaniques, quelques uns, à l’aide de
leurs chevaux, emmènent les tourismes pour une visite autour du village.
L’agriculture permet actuellement
à une petite trentaine de familles de vivre sur la commune de Combloux.
Les fromages et les
produits laitiers vendus, sont de qualité et l’ouverture du nouvel abattoir
intercommunal sur Megève permet au consommateur d’acheter directement une
viande de choix provenant des élevages régionaux.
En avril 2011, l’association des agriculteurs
de Combloux a été créée.
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